Indre-et-Loire : dans les coulisses de la dernière briqueterie 100% artisanale
❝Ils sont nés, ont grandi et travaillent toujours dans la brique, près de Langeais. Patrick et Bruno sont les derniers détenteurs d’une tradition briquetière multicentenaire. Un savoir-faire unique.
De la poussière d’argile sur les murs, des machines ancestrales couvertes d’un voile blanc crème à l’épreuve du temps… Dans leur atelier de la Rouchouze, près de Langeais, rien n’a bougé depuis peut-être un siècle. En tout cas, depuis quarante-six ans, depuis que Patrick Caballero a pris la suite de son patron, parti à la retraite à 75 ans, son frère et lui ont continué à travailler à l’ancienne.
Dans les châteaux et jusque dans la muraille de Chine
À extraire la terre d’argile dite de Langeais (jusqu’à 8 m de profondeur). À séparer le bon grain (l’argile pure, semblable à de la farine) de l’ivraie (brisures de cailloux proches du sable). À passer cette argile, une fois humidifiée, dans la mouleuse, pour en tirer les plaques qui iront à l’emporte-pièce. À façonner ensuite les briques réfractaires destinées naguère aux fours à pain des boulangers – dans les années 30, Langeais et plus spécialement la Rouchouze, assure 70 % de la production française de carreaux et briques réfractaires utilisés essentiellement pour les fours de la métallurgie et des boulangers-pâtissiers – ou les carreaux et tomettes prisés des amateurs de restaurations de vieilles maisons.
« Le bouche-à-oreille est notre seule publicité », déclare Patrick, non sans fierté. Et pour cause : « Sur mille carreaux, s’il y en a trois de cassés, c’est ceux-là que le client va retenir. » Contraints à l’excellence, Patrick (l’aîné) et Bruno (le cadet) Caballero, sont les derniers fabricants de briques réfractaires et de carreaux rustiques d’Indre-et-Loire, et peut-être de France.
Parfaite pour les fours de boulangers mais aussi pour les poêles de masse, l’argile de la Rouchouze possède des propriétés uniques et les briques réfractaires, cuites à 1.200 °C, tiennent particulièrement bien la chaleur, supportent les chocs thermiques et n’éclatent pas. En revanche, légèrement poreuses, elles ne sont pas prévues pour une utilisation extérieure mais trouvent parfaitement leur place en cuisine.
Après quelques années en creux, l’activité est repartie de plus belle avec le Covid. « On n’a jamais eu autant de commandes. Les gens étaient chez eux et en ont profité pour faire des travaux. »
Riches des rencontres effectuées au fil du temps – comme par exemple ce céramiste japonais venu quinze jours découvrir l’argile de la Rouchouze – les frères Caballero aiment plus que tout varier les plaisirs. Réaliser des tomettes sur mesures pour le château de Tours un jour, guider une céramiste qui va gagner un concours le lendemain ou s’attaquer à la réalisation de saints en argile pour une église… Aucun défi ne les rebute, eux qui maîtrisent tellement leur sujet.❞ lire la suite…